samedi 8 août 2015

Vârânasi ou Bénarès, la cité sur les rives du Gange...

Vârânâsi appelée aussi Bénarès est une ville hors du Rajasthan, elle fait partie de l'état de l'Uttar Pradesh. On voulait absolument voir cette ville mystique dédiée à Shiva, située sur la rive gauche du Gange... Cette vieille cité de plus de 5000 ans, accueille chaque jour un nombre incroyable de pèlerins, et, est sans doute la ville la plus sainte parmi les sept villes sacrées de l'hindouisme. 



Comme à Pushkar, la ville de Vârânâsi est surtout célèbre pour ses berges appelées "ghats" recouvertes de marches et de nombreux petits temples, qui permettent aux dévots hindous de descendre dans les eaux jaunâtres du fleuve pour y pratiquer leurs ablutions, se laver de leurs péchés et faire leurs rituelles offrandes. 



On retrouve aussi les "sadhu" appelés aussi les "baba" déjà rencontrés à Pushkar, ces hommes qui ont tout abandonnés pour vivre une vie renoncée afin d'atteindre "l'arrêt du cycle des renaissances", et bien ils sont là, en masse par centaine peut être même plus d'une malpropreté d'ailleurs toute doctorale...



Mais ça ne s'arrête pas là! Certains voudraient en plus y mourir!! Car mourir à Vârânâsi, c'est l'espoir de se libérer du cycle de la réincarnation et accéder à la vie éternelle. C'est un peu comme mourrir sur le chemin de Compostelle pour les chrétiens ou à la Mecque pour les musulmans! 


On rencontre Mona, un étudiant de 26 ans qui désire nous expliquer les processus de sa religion et le rituel de la mort. Il y a, en fait, deux ghats qui effectuent les crémations, une pour les morts naturelles, et une pour les causes accidentelles ( accident de la route, chute, meurtre, bah oui, apparement c'est fréquent, etc...). C'est donc à Dasashwamedh que vous pourrez voir de nombreuses crémations, un peu à la chaîne, car oui, il y a du monde, des jeunes comme des plus âgés, décédés de mort naturelle. A Manikarnika, la ghat opposée, on peut aussi assister aux crémations des défunts, mais beaucoup plus discrètement, les familles encore sous le choc, n'ont pas forcément besoin de curieux spectateurs! Car ça peut vite dégénérer, il y a 5 jours, un russe a bombardé de photos les dépouilles des victimes sur le bûcher, c'est parti aux mains avec la famille de la victime, et ça a fini au poste menotté du commissariat du coin!! Ah, ses russes...

Pour espérer être brûlé ici, il y a deux conditions strictes, il faut arriver à Vârânâsi dans les 12h suivant son décès et biensur savoir financer sa crémation. Le premier prix est de 700 roupies ( 10€ ) pour la caste la plus basse et peut monter jusqu'à x roupies selon l'origine de la caste du défunt et de la négociation. Le bois est pesé scrupuleusement Le défunt sera alors enseveli dans un linceul blanc, puis dans un deuxième d'une soierie couleur orangée s'il est âgé, et rouge s'il est jeune, recouvert de fleurs, d'encens de bois de santal... Le corps est immergé entièrement dans le Gange, puis installé sur son bûcher, pour être brûlé et ensuite ses cendres seront ramassées pour être réparties dans le Gange. Mona, nous explique que les enfants ne peuvent être brûlés dans la religion hindouiste.





Ici, c'est donc 300 à 400 crémations par jour! Donc, autant vous dire que c'est une vraie fournaise en ce plein mois de juillet. Un vrai business s'est du coup installé sur les berges du Gange, et certains en profitent pour s'en mettre plein les fouilles! Et ces businessmen, qui sont ils..., ce sont les "doms", de la 5eme classe, castes dite des "intouchables"!! De génération en génération toute la famille y travaille. L'un coupe le bois, l'autre le pèse, puis un autre met en place le bûcher, un autre prépare des petits bouts de bambous pour faire le brasier, quelqu'un d'autre ramasse les cendres des défunts, etc... Il y a du boulot pour toute la famille, le père, les enfants, les cousins et les oncles!!! C'est au patriarche, sous l'œil des enfants, que revient le travail d'effectuer le "rite funéraire" de sa lancinante litanie : "Ram naam satya haï" ( le nom de Rama est sacré ). 

Aussi, à Vârânâsi, la vie suit son cours sur les berges du Gange, le matin, on peut assister aux scènes de vie quotidienne, comme la lessive! Ici, ce sont les hommes les "lavandières", car effectivement ce terme ne s'utilise uniquement au féminin normalement. Ce labeur consiste à battre énergiquement le linge sur la pierre, pendant que les femmes l'étendent méthodiquement.


Pour les autres c'est l'heure la baignade, ou du tournoi de cricket, sport national en Inde!!! Des hommes s'improvisent aussi barbier ou encore coiffeur. 



On assiste aussi au tournage d'un film! Pour ça, des jeunes du quartier réalisent une fresque sur un des nombreux murs des ghats!


Et au beau milieu de tout ça, il y a aussi ces dames, les bufflesses qui prennent allègrement leur bain dans le Gange!



Le meilleur moment reste le coucher du soleil sur le Gange, où tous les rituels se mettent en place, notamment à Dasashwamedh où la place s’enflamme pour la Puja du soir, une cérémonie d'offrandes. Et là, on nage en plein délire, des chants mystiques s'improvisent au rythme des tambours, des cloches et autres instruments inconnus dans un énorme encensoir. Bref, un beau gros tohu-bohu, dont il est difficile de donner une idée, du délire complet! Pendant la cérémonie, des sadhu passent dans les rangs de la fête pour nous mettre le bindi rouge sur le front, signe de passage au temple. Et hop, le billet dans la petite poche...




Conclusion, cette dernière étape de notre voyage est quand même l'une des plus hallucinantes, qui nous jamais été donné de voir, et qui marque une fois de plus, encore à jamais nos esprits!!
Jusqu'au bout, ce pays aura été pour nous incroyable! Et sa campagne de pub pour le tourisme "INCREDIBLE INDIA" porte vraiment bien son nom!!  

5 commentaires:

  1. Si je ne m'abuse il s'agit des bûchers qu'il y a au plus petit spot, l'autre, plus important, les photos y sont interdites... J'y étais durant un mois d'Avril, l'eau était nettement plus basse et il n'y avait quasiment pas de crémation en cour...

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    1. c'était les crémations dites "accidentelles". Je t'avoue, il était très tôt le matin ( notre bus nous a large à 5h du mat à Vârânâsi et les Check in se font vers 9h ), c'était notre toute première crémation, et nous étions au courant de rien! On ne savait rien de cette ville, un gars nous on avait vendu comme étant une ville sacrée et jolie au bord du Gange, on a découvert les crémations ce matin là. Puis dans la journée, on a rencontré Mona, un indien, qui nous a tout appris du lieu et des rites funéraires hindouistes! Sur l'autre ghat, les crémations étaient à la chaîne, plus de 6 par heure...

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  2. Encore une très jolie histoire racontée et détaillée par de jolies photos!!! a tres bientot pour d autres aventures... je ne sais pas quelle est l étape suivante,surprise. Gros bisous a vous deux

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    1. Merci Pascale!! Plus rien ne nous arrête... Après le Myanamar, soit l'ex Birmanie, nous sommes aujourd'hui en Thaïlande, jusque demain, où nous allons passer la frontière pour le Laos par voie terrestre et maritime! On a hate! Bisous

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  3. Spectaculaire!! Merci pour cet article!!

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