vendredi 2 janvier 2015

La ville de Wete

Notre première nuit chez Mr Sharouk est assez courte, nous sommes réveillés tôt, pas parce que c'est le matin de noël et que nous avons des cadeaux sous le sapin... Mais plutôt par l'appel à la prière! Les habitants de Pemba sont musulmans pratiquants, encore plus qu'à Unguja. Certaines femmes sont complètement voilées, elles ne portent pas la bourka, au contraire elles sont très coquettes dans leur tenue de sortie, un léger tulle noir ne fait apparaître que leurs yeux.


Le petit dej' sur la terrasse de la guesthouse déchire, pas parce qu'il est copieux mais plutôt parce que la vue sur l'océan et le port de Wete nous donne très envie d'aller y jeter un œil! On avale vite notre omelette spanish et notre petit bout d'ananas et on descend sur le port. Outre les pêcheurs biensûr, nous faisons la rencontre du Big boss de la coopérative de clous de girofle! Son camion est plein, prêt à partir, il donne les dernières directives au transporteur. La tonne de cette denrée rare produite uniquement sur Pemba vaut 1200$ en fonction des cours du marché! On a malheureusement du mal à humer l'odeur à côté du port de pêche, mais une fois en bouche ça décoiffe! Je m'installe avec les travailleurs en rand d'oignon, et je mets la main à la patte. L'exercice est simple, chacun trie son petit bout de cm2 à la main pour enlever tous les petits déchets, morceaux de bois, feuilles, fils...  Et c'est comme ça durant des heures. Il n'est même pas 9h, que je dégouline dans mon t-shirt en plein soleil! Et eux sont là depuis le levé du jour! 


Notre journée à Wete se poursuit tranquillement avec la visite des différents marchés. Ici nous sommes encore plus près de l'équateur à la latitude 5° sud, je peux vous dire que ça chauffe très fort! L'odeur du poisson est donc très présente, les mouches aussi et les frigos ou pain de glace inconnus au bataillon! Il vaut mieux acheter son poisson très tôt! Sur les étales il y a biensûr beaucoup de thons, mais aussi des poissons tropicaux que l'on préférait voir sous l'eau que dans notre assiette. Mais on comprend bien, la priorité c'est de s'alimenter et c'est tout à fait normal! Après nous avons vu des espadons voiliers à plusieurs reprises mais jamais de requins ou de requins baleines. Les chinois ont apporté leurs maudites bécanes ici, mais heureusement les japonais n'ont pas encore envahis les eaux zanzibarites pour voler les derniers requins baleines qui viennent d'Afrique du Sud pour se reproduire dans la baie de Wesha. Méfiance quand même, ils ont le monopole sur les récoltes d'algues à Unguja!


On continue par le marché couvert, là aussi c'est assez odorant, certains fruits et légumes gâtés jonchent le sol. On trouvera malgré tout notre bonheur, avocats, tomates, concombres, fruits de la passion, mangues, ananas, noix de coco, fruits du baobab... Ça sent la cure d'anti-oxydants!! Je peux vous dire que l'on ne grossit pas ici! On trouve forcément toutes les épices produites sur Pemba, gingembre, clou de girofle, cannelle mais aussi de délicieuses noix de cajou. Certains s'improvisent du coup herboriste, guérisseur, marabout! Un peu tout à la fois, mais ici on ne plaisante pas avec les "djinns" ( les mauvais esprits ), certains viennent du fin fond de l'Afrique pour se faire soigner!



Nous continuons notre chemin au hasard, pour tomber sur ce que l'on a baptisé "le bar de la débauche". C'est un bar au milieu de nulle part, où l'on rencontre l'homme d'affaire en costard cravate, le flic en civil, la bande d'adolescents, la vieille bibi voilée, etc... Et tout le monde se côtoie dans une ambiance festive avec de la musique swahilie à tout casser autour d'une bonne bière!!!! Enfin, on va pouvoir se boire une bonne bière! C'est un peu notre cadeau de Noël!! On s'attardera pas trop longtemps quand même, parce que ici ça dégénère assez vite et la vieille bibi veut qu'on lui paye une tournée! C'est pas que l'on veut pas mais on va avoir 30 personnes sur le dos si on accepte!
Inutile de vous dire que faire une photo des lieux serait hyper mal vus!! On va s'abstenir!!!

A la tombée de la nuit, chez Mr Sharouk, il y a un passage obligatoire sur la terrasse pour assister au spectacle des chauve-souris qui s'élancent dans le ciel à la recherchent de nourriture. Aussi appelés les renards volants, l'île de Pemba possède la plus grosse espèce de ses oiseaux de nuit pouvant atteindre jusqu'à 1m70 d'envergure! Cette espèce est malheureusement en voie de disparition à cause de la déforestation mais aussi à cause de la consommation locale. On a pas vu de chauve souris sur les étales même chez le grand marabout!


Ici on se balade la nuit sans soucis pour aller boire notre chope de canne à sucre et de citron vert! Avec une machine ancestrale ou très artisanale pour certains, de grands troncs de sucre de canne sont pressés entre deux rouleaux à plusieurs reprises pour extraire le jus du fruit! C'est juste frais et délicieux, et à peine sucré et citronné, de l'ambroisie!! Le grand verre de 500ml est pour 500 shilling (25cts d'euros), on aurait tord de s'en priver!


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2 commentaires:

  1. des recits toujours aussi interessants,qui nous font mieux comprendre la difficulté pour ces populations a survivre,merci a vous deux,bonne continuation,et plein de bisous!

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    1. Merci pascale! Contente que ça plaise. On a vu de la survie ici, mais ce qui nous attend à Madagascar va être 10 fois pire... Je te souhaite une bonne et heureuse année 2015, pleine de courage et d'espoir, pour une vie meilleure dans ce monde de fous!!

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